Berlin est une ville où l’on se sent libre. Les gens s’habillent comme ils en ont envie, les policiers sont bien sur présents comme dans toutes les métropoles, mais ils se font discrets. On peut entrer et visiter toute sorte de lieux différents, et les musées ou expositions qui racontent l’histoire politique sont gratuits et ludiques, afin que la démocratie soit partagée par le plus grand nombre.

Cela n’a pas toujours été le cas, et la trace de cette histoire récente est encore prégnante, et même mise en perspective à travers un mémorial, des musées, des expositions, et des (courtes) portions du mur, sauvegardées pour ne pas oublier.

L’histoire du mur de Berlin se confond avec les années de guerre froide, qui ont divisées le monde entre l’Est et l’Ouest pendant une trentaine d’années. Et on a du mal à imaginer que cette époque s’est terminée il y a moins de 30 ans. On a fêté les 25 ans de la chute du mur en 2014. Juste une génération.
9 novembre 1989, le mur s’effondre. C’est une date marquante, à l’instar du 11 septembre 2011, dans un tout autre registre évidemment. On se rappelle où on était lors de cet événement, quand on a l’âge de s’en souvenir 😉
Un peu d’histoire
Je vais essayer de la faire courte, rassurez-vous ! A la fin de la seconde guerre mondiale, Berlin est en ruine. A l’été 1945, l’Allemagne se retrouve découpée en quatre zones d’occupation : une zone soviétique, une zone britannique, une zone américaine et une zone française conformément à l’accord de Yalta conclu entre les Alliés vainqueurs.
Berlin se trouve dans la partie soviétique, mais la ville est aussi divisée en quatre, l’armée soviétique laissant aux Occidentaux l’ensemble de la zone Ouest de la capitale.

Très vite, la situation se tend entre les trois puissances occidentales et l’URSS. Staline refuse le plan Marshall pour les pays de sa sphère d’influence. En juin 1948, les troupes soviétiques bloquent les voies d’accès terrestres à Berlin-Ouest. L’objectif est de contraindre les alliés à abandonner la ville au bloc soviétique. Le blocus de Berlin va durer 11 mois, la ville étant pendant cette période ravitaillée par un pont aérien massif grâce à l’aéroport de Tempelhof (je vous en parlerai dans un autre article). Staline sera contraint de mettre fin au blocus.

L’insurrection violemment réprimée de 1953, la collectivisation forcée, la situation économique catastrophique, et l’oppression du peuple par les services de sécurité du SED font croître d’année en année le flux des réfugiés qui quittent la RDA.
Entre 1949 et 1961, environ trois millions d’Allemands fuient la RDA par Berlin, seul endroit où le passage entre l’Est et l’Ouest reste relativement facile. Cette émigration pose un problème économique majeur menaçant l’existence même de la RDA.
Dans la nuit du 13 août 1961, des policiers et des soldats commencent à encercler Berlin Ouest de barbelés, rapidement complétés par un mur de béton. Cette « barrière de protection anti-fasciste » comme l’appellent les dirigeants de la RDA se renforce au fil des mois et des années. A la fin, il est constitué de deux murs séparés par un « couloir de la mort » pourvu de fossés, de projecteurs, de miradors, de barrière anti-char… Les fenêtres des maisons longeant cette frontière sont condamnées par des briques pour éviter la fuite des habitants.

Malgré ce dispositif aberrant, de nombreux citoyens de la RDA tentent de s’échapper. Certaines tentatives réussissent, mais des centaines de personnes paient de leur vie leur désir de liberté.
Pendant 28 ans, le mur séparera les familles Berlinoises.

En 1989, les allemands de l’Est commence à quitter la RDA par la Hongrie, qui vient d’ouvrir ses frontières avec l’Autriche. De grandes manifestations pacifiques se déroulent à Berlin-Est. Mikhaïl Gorbatchev exige alors des dirigeants de la RDA qu’ils n’utilisent pas la répression armée.
Le 9 novembre 1989, un porte-parole de la RDA annonce un peu vite que les déplacements vers l’Ouest sont autorisés. Au journaliste qui demande quand cette mesure se mettra en place, le représentant de l’état répond en bredouillant : « Pour autant que je sache, cela entre en vigueur… immédiatement, sans délai. »
Aussitôt des foules en liesse déboulent vers le mur, qui tombera aussi vite qu’il a été érigé.

L’East side Gallery
Notre séjour a été ponctué presque chaque jour par des visites de ces lieux incontournables. Pour ne pas vous lasser, je resterai aujourd’hui sur L’East side Gallery : une longue fresque d’ 1,3 km qui couvre la majeure partie du plus long tronçon du mur encore debout. 118 artistes issus de 21 pays différents se sont appropriés ces pans de béton pour en faire un message de paix et de liberté dès 1990.
Le temps et les tags abîment ces œuvres. En 2009, 40 peintures très endommagées ont été restaurées.

Du coup sur la majeure partie du mur, des grillages protègent maintenant les fresques. C’est un peu dommage pour les photos, on fait ce que l’on peut…





Une autre façon de représenter le mur est de s’amuser à créer des collages, des mosaïques, des tableaux de ces petits fragments colorés… C’est le moment ou jamais de cliquer sur les photos pour les agrandir !!



Pour écrire cet article, je me suis inspirée de plusieurs sites (pas facile de résumer une histoire si riche) et du visionnage d’un film documentaire passionnant : « Un mur à Berlin »de Patrick Rotman. (moins de 10€ sur Amazon, et en version néerlandaise sur Youtube) Je vous le conseille vivement si cette histoire vous intéresse.
J’ai aussi trouvé une excellente vidéo sur la reconstitution en 3D du mur : « Emmurés ». Il a fallu plus de 100 000 heures de recherches pour reconstituer virtuellement le dispositif de béton, d’alarmes et de miradors qui séparait la partie occidentale de Berlin du reste de la République Démocratique allemande.
Pour les anglophones : The Wall (1962) / Berlin Wall Documentary Film Video.
Si ça vous dit, je reviendrais prochainement sur la visite d’autres lieux de mémoire de ces années de guerre froide.
Je viens de voir la vidéo « emmurés » (très bonne trouvaille) vraiment impressionnante et encore on ne parle que de l’Allemagne,le rideau de fer se poursuivait au sud dans les autres pays.
Berlin est unique à cet égard, je pense que c’est une des rares villes dans le monde (je ne parle pas des endroits de guerre civile) où l’histoire pèse autant. Tu as superbement résumé et tu as bien fait, ne pas oublier que nous avons vécu (pour les vieux) des décennies avec cette fracture.
Belle idée les mosaïques de photos, la 9 est ma préférée.
Super ton modèle au pantalon rayé.
Profiter très belle lumière.
Ce voyage m’a appris beaucoup de choses, avant, pendant et après…
Wow j’adore ! Je suis en plein dans Berlin vu que je l’étudie en histoire et j’y vais en avril ! Je suis tellement impatiente de prendre de nombreuses photos et de faire pleins d’articles !! 🙂 bisous et très très jolies photos, EMMA
Merci Emma. Super, ce prochain voyage, je suis sure que tu vas adorer !
My google translate is finally working! I love the guy carrying the Spice Girls bag.
Hi Tina. So you are able to learn a piece of european history 😉
The guy and his friends had fun, I like his bag and his sunglasses…
Moi je me souviens très bien ce jour là, où j’étais et qui j’étais … J’ai l’âge de la génération d’avant 😉
Très bon article qui retrace l’Histoire du mur de Berlin, illustrée à merveille
Je suis très fan de tes collage et mosaïque en fin d’article
Bravo !
Tu devais être gamine, Lounamai ?! Merci du compliment pour l’article, ça m’a demandé du temps pour réussir à résumer sans digresser trop. Je ne cours pas après les lecteurs, mais ça fait toujours plaisir de savoir que le boulot a été apprécié…
En 89 je devenais majeure quand même ….
En 89 je devenais majeure quand même…
Beau travail de recherches, bravo ! J’ai été voir la vidéo de la reconstitution 3D, eh bah, c’est impressionnant ! Je ne me figurais pas le nombre de dispositions de protection/alarme/dissuasion etc …
L’ancien aéroport de Tempelhof est fantomatique, impressionnant !
J’aime bien le monsieur avec ses braies ! :p Les collages sont sympas, on se rend compte de la variété des street arts !
Le 9 Novembre 1989 … j’avais 7 ans, je ne me souviens plus trop de ce que je faisais (je devais être à l’école vu que c’était un jeudi), mais j’ai en tête quelques images à la TV (peut-être plusieurs jours après …?) des gens qui faisaient tomber le mur !
Merci Anne. J’ai découvert plein de choses à l’occasion de cet article, d’abord sur place, puis sur le net. Cette histoire est triste mais passionnante…
Ce jour-là, le matin au boulot (eh, oui je commençais à bosser, moi !) tout le monde se réjouissait et avait du mal à y croire…
Belle série berlinoise. Tes séries sur le mur sont très réussies : ça colle avec l’aspect « fragmenté » de la ville (le mur, la politique…), tout en conservant sa continuité (de l’histoire,des familles, des couleurs dans les images). Tu as dû te régaler durant ces quelques jours… Merci de les partager ainsi.
Merci beaucoup Anne-Marie. J’ai aussi pris grand plaisir à écrire et à choisir ces photos…