Fin juillet, Isabelle, une photographe de La Rochelle que j’ai connue à travers nos échanges sur flickr, m’a proposé de passer la journée avec un petit groupe de fans de photos du même réseau. Rencontre très sympa, entre dégustation à « La belle du Gabut », balade sur le port et sous les arcades de La Rochelle, et virée sous le pont de l’île de Ré.
La belle du Gabut
Nous nous sommes retrouvés près de l’aquarium en fin de matinée sous un beau soleil et nous avons vadrouillé sans but précis, en papotant. On avait tous un appareil photo en main, reflex, hybride, compact, mais ce n’était pas un « workshop », chacun s’arrêtant quand bon lui semblait. Ne vous attendez pas à des photos « cartes postales », je n’ai même pas pensé à prendre des clichés des deux tours et des arcades, symboles de la ville !
Wayne, (Just Ard) notre ami photographe Gallois et inspirateur de plusieurs groupes sur flickr et du site street and urban photography(fall into street)nous a quitté il y a maintenant un an.
Grant (Mister GC), l’un des plus assidus membres du groupe flikr « five fall into adventure » a eu la belle idée de lui rendre hommage en demandant à chacun de ceux qui connaissaient Wayne (que ce soit à travers « les internets » ou dans la vraie vie) de choisir et de commenter une photographie prise par notre cher ami.
L’article« A tribute to Wayne » recueille une douzaine de témoignages, accompagnés chaque fois d’une photo choisie parmi les centaines que compte la galerie flikr de Just Ard. Je voulais le relayer sur mon blog, Wayne ayant été l’un de mes « mentors » quand je me suis intéressée à la photographie de rue.
Le billet est en anglais, mais un passage par le traducteur de google vous donnera le ton de ceux qui lui rendent hommage.
Les photos choisies sont pour la plupart pleines de sourires, tant Wayne avait le don de rentrer facilement en contact avec les gens qu’il photographiait.
Je suis allée passer quelques jours à Paris début juillet, comme je le fais environ deux fois par an, pour assouvir ma soif d’expo et de balades urbaines. Ma petite soeur, qui est rarement venue à Paris et qui n’en connait que les endroits les plus touristiques, n’était pas encore allée visiter le Centre Pompidou. C’était l’occasion de « grimper dans les tuyaux » (les escalators de la façade !) et de faire d’une pierre deux coups : le même billet permettait de visiter l’expo du photographe Walker Evans ET celle du peintre David Hockney.
J’étais plus attirée par l’expo photo, et ma soeur par la rétrospective du peintre anglais, nous avons donc passé une bonne demi-journée à arpenter les salles dédiées à ces deux artistes. Je vous présente ici plus en détail l’exposition consacrée à Walker Evans, mais je vous dirais quelques mots de David Hockney, en totale néophyte.
Walker Evans, un style vernaculaire
Vernaculaire, selon Wikipédia : du latin vernaculus, « indigène », désigne originellement tout ce qui est élevé, tissé, cultivé, confectionné à la maison, par opposition à ce que l’on se procure par l’échange. La langue vernaculaire, ou le vernaculaire, est une langue parlée seulement à l’intérieur d’une communauté en général réduite.
L’exposition Walker Evans au Centre Pompidou (26 avril au 14 août 2017) consacre une rétrospective de l’oeuvre de ce photographe américain sous l’angle de son style « vernaculaire ».
L’expo Walker Evans
Walker Evans (son prénom lui va comme un gant, le « marcheur ») a traversé le XXème siècle (1903-1975) en documentant la culture populaire américaine. Il est l’un des premiers « photographe de rue ». Il se passionne, sa vie durant, pour le quotidien, l’utile, le populaire, le local.
Profils
Il photographie des objets tout bêtes, des affiches, des devantures de petits magasins, des écriteaux…
Damaged. Truck and sign 1928-1930
Quand il photographie les gens, c’est à la sauvette, dans le métro, ou à l’angle d’une rue. Il créé ainsi des séries de ces « portraits », sans mise en scène. Il utilise souvent des cadrages frontaux et des lumières naturelles.
Detroit pedestrians, for series « Labor Anonymous », 1946
Il est sans doute plus connu pour son projet de documentation de la vie des familles de métayer en Alabama, en 1936, avec ses deux portraits emblématiques (dont l’un est l’affiche de l’exposition).
Le centre Pompidou présente plus de 300 tirages de ses photographies, mais aussi des collections (objets, affiches, cartes postales) ayant appartenu à Walker Evans.
Petits formats et grandes quantités
Une photo en très grand format accueille les visiteurs de l’exposition, une modeste boutique en bois dans une rue de New York, sur laquelle le mot « Photos »apparaît plusieurs fois. Un cliché assez représentatif de son style « documentaire ».
Studio Photo
Puis on traverse les différentes salles, où la majeure partie des photographies sont exposées en petit format, parfois en série. Se mêlent au travail du photographe, ses collections de cartes postales, ou d’affichettes de publicité.
Collections
La photographie elle-même
Petits formats
J’ai bien compris le sens de cette mise en scène. L’attrait de Walker Evans pour les objets populaires est montré autant par ses propres photographies que par ses collections d’images. Mais j’ai trouvé que ce mélange nuisait à la compréhension de son oeuvre, de ses projets.
Les formats de taille réduite (souvent de l’ordre de 20X30 cms, voire moins) obligent le spectateur à se rapprocher pour apprécier le détail d’une photographie.
Très petits formats
De plus, c’est comme si on avait voulu jouer sur l’accumulation des photos, ce qui, à mon humble avis, atténue l’impact de chaque image. Je suppose que c’est compliqué pour un commissaire d’exposition de faire une sélection drastique.
Quand je vais voir une expo, je m’attends à en prendre plein les yeux, et à voir des photographies dans un format suffisamment grand pour les apprécier.
Mais si les photos sont d’un format qui loge dans un livre, alors autant acheter le bouquin…
D’ailleurs, l’album résumant l’exposition est beaucoup plus sélectif, et ne retient que les « meilleures » photos, en tout cas pour moi, les plus emblématiques.
Lors de ma visite, j’ai tenté de prendre en photos certains clichés, qui m’attirait plus que d’autres, et il se trouve que ce sont ceux retenus dans cet album. Je vous épargnerai certaines de mes propres photos, qui ne rendent rien. Juste quelques visiteurs qui détonnent devant les images en noir et blanc.
En revanche, Walker Evans étant aussi un producteur de séries photographiques, il était intéressant de les voir dans leur intégralité sur un mur, et le petit format se justifiait plus. Il a été précurseur des photos prises dans le métro, ou sur un trottoir, et la série des passants par exemple (Detroit Pedestrians, Labor Anonymus, 1946) est assez fascinante.
Série de passants
Au fur et à mesure que je découvrais les photographies de Walker Evans, je me disais qu’il avait sans doute été un précurseur et un inspirateur pour beaucoup de photographes plus récents, et que la banalité des sujets était pour son époque une nouveauté.
Les devantures, les détails d’architecture, les affiches déchirées, les affiches publicitaires ou les enseignes, les ruines, les lieux abandonnés… sont autant de sujets qui reviennent souvent dans des séries actuelles, mais qui n’ont plus pour moi beaucoup d’intérêt. Nous sommes tous des nains sur les épaules des géants…
Toujours une leçon pour le regard
Walker Evans lui-même a été inspiré par Eugène Atget qu’il a découvert grâce à la photographe Berenice Abott.
Citation : « Vous ne voulez pas que votre œuvre vienne de l’art ; vous voulez qu’elle prenne origine dans la vie ? C’est dans la rue qu’elle se trouve. Je ne me sens plus à l’aise dans les musées. Je n’ai pas envie de les visiter. Je ne veux pas qu’on m’apprenne quoi que ce soit. Je ne veux pas voir de l’art ‹ accompli ›. Je m’intéresse à ce que l’on appelle le vernaculaire. » Walker Evans, entretien avec Leslie Katz (1971). L’évènement Walker Evans au Centre Pompidou
Pour résumer mon sentiment, une exposition intéressante et très riche sur ce grand photographe du XXème siècle, mais presque trop dense. L’album de l’exposition (9.50€) est en revanche un must à conserver précieusement.
L’exposition David Hockney se déroule du 21 juin au 23 octobre 2017. Vous avez donc tout le temps d’aller la visiter, et j’avoue que nous avons été vraiment séduites par la découverte de cet artiste assez iconoclaste.
« Je préfère vivre en couleur » – David Hockney
«A Bigger Splash» (1967), acrylique sur toile de David Hockney.
L’exposition célèbre les 80 ans de l’artiste qui semble avoir toujours bon pied, bon œil : certains tableaux ont même été terminés spécialement pour l’exposition ! cela donne le ton de cette rétrospective, tonique, joyeuse, un peu subversive, avec un artiste en perpétuelle évolution.
Prendre des photos est interdit. Nous nous sommes donc concentrées (peut-être un peu plus que d’habitude, d’ailleurs) sur les œuvres, qui sont présentées de façon chronologique.
A chaque pièce correspond une étape de la vie de l’artiste, ses créations évoluant au fur et à mesure de sa vie personnelle, de ses rencontres, de ses lieux de vie. C’est passionnant, car David Hockney « absorbe » les influences des grandes maîtres, et les transforment en un style chaque fois renouvelé mais unique.
A la fin de notre déambulation à travers les grandes pièces lumineuses, nous avons presque eu l’impression d’avoir vu une exposition de plusieurs peintres différents.
C’est un peu comme si cette rétrospective rendait hommage à l’art du XXème siècle.
Les tableaux sont en grand, voire en très grand format, et on en prend plein les yeux.
Ses tableaux les plus célèbres, les piscines, les doubles portraits, les paysages monumentaux et colorés sont un régal pour les yeux. De plus les commentaires dans chaque salle permettent de comprendre les influences de l’artiste, qu’il a su détourner et modeler à sa façon.
« Portrait of an artist (Pool with two figures) » (1972)
L’artiste s’est aussi passionné pour les outils techniques de reproduction des images, au fur et à mesure qu’ils apparaissaient : il a utilisé le fax de façon étonnante : il transmettait son oeuvre en envoyant des feuilles A4, qui mises bout à bout, composaient un tableau.
«9 Etudes sur toile du Grand Canyon» (1998), huile sur toile de David Hockney
Il a aussi largement utilisé la photographie, en créant des « puzzles » immenses composées de centaines de photographies.
Il s’est aussi servi de l’I Pad, de la vidéo. On peut ainsi admirer un paysage filmé à chaque saison, composé de 9 images mouvantes. Je ne sais pas si je suis très claire, mais si ça vous intrigue, je vous conseille vivement d’aller le voir vous-même !
« la création artistique est un acte de partage » C’est Hockney qui le dit…
Vous avez certainement remarqué qu’il y a du relâchement dans le rythme des articles de ce blog. Et pour cause : voilà un mois que je n’ai pas sorti l’appareil photo, ou presque.
Soir de décembre, après une longue journée, Royan 2016
Novembre n’est pas un mois très inspirant… Après une overdose photographique à Berlin, j’ai beaucoup ralenti le rythme en ce milieu d’automne. Je suis tombée sur un de ces sondages débiles, genre « le top 12 des pires mois de l’année », et Novembre arrive bon premier. Bon, ben je fais donc partie du mainstream !
Il fait tout gris et humide, les rues sont désertes, les feuilles sont tombées… sans compter une actualité bien pourrie, entre les tristes commémorations du 13 novembre 2015, l’élection incongrue d’un canard orange à houppette outre-atlantique, la disparition de Léonard Cohen, pfff…
Heureusement, c’est aussi l’occasion de cocooner un peu, bien installée sur le canapé avec un plaid et une boisson chaude, à feuilleter le dernier ouvrage de photo que je me suis offert : Vagues à larmes de Frédéric Briois.
Un vendredi de fin août, par une très chaude journée, mais quand même moins caniculaire que la veille, j’ai pu me balader entre les Halles et Le Palais Royal, avec un détour par Beaubourg pour l’exposition du photographe Louis Stettner.
J’ai été rejointe par Amor, qui m’a fait découvrir les petites rues jusqu’aux fameuses colonnes de Buren dans la cour du Palais-Royal, et le passage Véro-Dodat.
Par un jeudi d’août caniculaire, découvrir le musée Guimet était une riche idée. Un excellent conseil, suggéré par Amor, qui y avait vu l’exposition temporaire du photographe japonais Araki. Il était temps, car cette exposition s’est terminée le 5 septembre 2016.
Le musée Guimet ou Musée National des arts asiatiques Guimet (Mnaag) est situé dans les beaux quartiers du 16ème, Place d’Iéna. C’est un bel édifice, surmonté d’une rotonde. L’architecture intérieure est aussi intéressante, aérée, sur 5 niveaux, avec des vues en perspective d’une galerie à l’autre.
Fan Ho, le photographe du Hong Kong des années 50 et 60 nous a quittés. Il y a un bon moment que je voulais vous parler de ce photographe dont j’ai découvert le magnifique travail il y a une petite année, au hasard d’une balade sur le net, sur un site qui ne parlait pas à priori de photographie, Mr Mondialisation.
Et puis, je me suis dis que j’aurais bien le temps, que j’attendrai l’occasion d’une exposition… hélas, c’est son récent décès, le 19 juin 2016, qui me donne l’occasion de vous montrer les premières photographies qui m’ont éblouies, et qui restent en ma mémoire, comme celles d’un Elliott Erwitt, ou d’un HCB, dans un genre un peu différent.
Reprendre le fil de nos balades parisiennes de début novembre n’a pas été facile. Mais ce serait dommage de ne pas retrouver ces bons moments.
Hormis les photos liées aux thèmes de novembre du Monthly Challenge, que je vous ai montré ici, il me restait quelques vues hétéroclites, que je vous invite à partager lors d’une balade qui va du Musée d’Orsay aux Galeries Lafayette, d’une expo sur les femmes photographes aux figurines de Star Wars. Il y en a pour tous les goûts !
Comme je vous l’ai dit avant de partir quelques jours à Paris, je voulais aller faire un tour pour la première fois au salon de la photo. Un grand barnum, qui dure 5 jours, du 5 au 9 novembre.